A lire...Pour les globe trotters amoureux des histoires...
Manuel Vázquez Montalbán:
Milenio Carvalho.
"Mort en Thaïlande en 2003, Manuel Vázquez Montalbán frappe un dernier coup. Épais volume de huit cents et quelque pages, "Milenio Carvalho" se découpe en deux parties: Cap sur Kaboul et Aux antipodes. D'entrée de jeu, un homme d'affaires aux manières rupines explique à l'inspecteur Lifante que Pepe Carvalho aurait assassiné un célèbre sociologue, qu'un dossier entier le prouve, des témoins l'attestent. Le fameux policier ne peut répondre à pareilles accusations: il est parti en voyage, emmenant avec lui son adjoint Biscuter. Sur le ferry Barcelone-Gênes, Carvalho se fait passer pour un «spécialiste du diminutif dans la littérature médiévale espagnole». Amateur de Flaubert, il dit ressembler à Pécuchet mais, de par ses fonctions, se sentir Bouvard! Qu'importe, lui et Biscuter se feront désormais appeler Bouvard et Pécuchet. Flanqués de Mme Lissieux, dont ils ont fait la connaissance pendant la traversée, les deux compères se glissent dans la Ford Fiesta trentenaire de Carvalho. Direction Rome où ils croiseront Jean-Paul II qui a tout «du pape à son ultime couchant».
Le héros de Montalbán cite Catulle dans le texte, boit du barolo, peste contre les musées. Le périple de la fine équipe, «un tour du monde assez spécial», passe par la Grèce où le samos rouge et une accorte chanteuse ragaillardissent ces messieurs. Des malotrus cherchent à saboter les freins de l'automobile, ouvrent le feu, logent de la drogue dans leur coffre, mais l'aventure continue vaille que vaille. Carvalho sait qu'un hôtel est un lieu de passage, qu'un restaurant «peut devenir une patrie». En Israël, il explique à Biscuter la philosophie post-hégélienne, aide un apprenti biologiste russe à faire l'école buissonnière. Le lecteur, qui n'en perd pas une miette, se régale à chaque page, à chaque étape, faisant durer le plaisir le plus longtemps possible. Pepe Carvalho nous manque déjà. Il va pourtant falloir apprendre à vivre sans lui."
Milenio Carvalho, traduit de l'espagnol par Denise Laroutis, 804 p., Christian Bourgois."
(Citation d'un article de l'Express consacré aux polars, du 01/04/2006.)